Peine d'amour

 

ものおもへば 沢の蛍も わが身より あくがれいづる 魂かとぞみる
Mono omoeba sawa no hotaru mo wagami yori akugare izuru tama katozo miru

 

En peine d’amour,
       Même la luciole volant sur la rivière
   Semble être une âme
          Sortie de mon corps

Izumi Shikibu (978 - ? )

 
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Disparition des lucioles

 

Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois).

Ce « quelque chose » qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons donc la « disparition des lucioles ».

Pier Paolo Pasolini, L'article des lucioles écrit en 1975 dans Corriere della Sera sous le titre « Le vide du pouvoir en Italie »

 
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La tombe des lucioles

C'est l'histoire de deux orphelins, frère et sœur, Seita et Setsuko qui survivent pendant la guerre et se réfugient dans une grotte pour fuir le feu des bombardements. Ce passage est un moment d'innocence, une courte trêve dans l'enfer de ce monde... 

Incapables de trouver le sommeil, ils sortirent prendre l’air, firent pipi de concert, pendant qu’au-dessus de leurs têtes des clignotements bleus et rouges d’avions japonais sillonnaient le ciel vers l’ouest, « Regarde ! Les unités d’attaque spéciales ! », « Mmh » qu’elle opinait Setsuko, sans savoir ce que ça voulait dire « On dirait des lucioles, hein » « Ouais, ouais… », puis tiens, ils pourraient toujours en attraper des lucioles, pour les mettre sous la moustiquaire, ça ferait toujours plus clair, alors, (…) ils se mirent à en attraper, à l’aveuglette, et quand ils les relâchèrent sous la moustiquaire, cinq ou six trainées lumineuses ondulèrent dans l’espace, d’autres lumières haletaient immobiles dans le filet… C’était assez, c’en faisait bien une centaine, et s’ils ne pouvaient encore distinguer leurs visages, le calme était revenu en eux, ils chaviraient dans les rêves…

Akiyuki Nosaka (1930-2015) La tombe des lucioles (Hotaru no haka), 1967*

Pour écrire le mot luciole, Akiyuki Nosaka n'utilise pas l'idéogramme habituel 蛍 "hotaru" mais choisit les idéogrammes signifiant "gouttes de feu" : 火 ho (feu)  垂る taru (goutte) selon la définition du philosophe de l’époque Edo, Kaibara Ekken (1630 -1714 ).

* Editions Picquier, 1988, traduit par Patrick De Vos

Lucioles

 

生まれた家は跡形もないほうたる
Umareta ie wa atokata mo nai hôtaru

 

De ma maison natale
           Il ne reste plus rien
      Que des lucioles

Santôka (1883 – 1940 )