La tombe des lucioles

C'est l'histoire de deux orphelins, frère et sœur, Seita et Setsuko qui survivent pendant la guerre et se réfugient dans une grotte pour fuir le feu des bombardements. Ce passage est un moment d'innocence, une courte trêve dans l'enfer de ce monde... 

Incapables de trouver le sommeil, ils sortirent prendre l’air, firent pipi de concert, pendant qu’au-dessus de leurs têtes des clignotements bleus et rouges d’avions japonais sillonnaient le ciel vers l’ouest, « Regarde ! Les unités d’attaque spéciales ! », « Mmh » qu’elle opinait Setsuko, sans savoir ce que ça voulait dire « On dirait des lucioles, hein » « Ouais, ouais… », puis tiens, ils pourraient toujours en attraper des lucioles, pour les mettre sous la moustiquaire, ça ferait toujours plus clair, alors, (…) ils se mirent à en attraper, à l’aveuglette, et quand ils les relâchèrent sous la moustiquaire, cinq ou six trainées lumineuses ondulèrent dans l’espace, d’autres lumières haletaient immobiles dans le filet… C’était assez, c’en faisait bien une centaine, et s’ils ne pouvaient encore distinguer leurs visages, le calme était revenu en eux, ils chaviraient dans les rêves…

Akiyuki Nosaka (1930-2015) La tombe des lucioles (Hotaru no haka), 1967*

Pour écrire le mot luciole, Akiyuki Nosaka n'utilise pas l'idéogramme habituel 蛍 "hotaru" mais choisit les idéogrammes signifiant "gouttes de feu" : 火 ho (feu)  垂る taru (goutte) selon la définition du philosophe de l’époque Edo, Kaibara Ekken (1630 -1714 ).

* Editions Picquier, 1988, traduit par Patrick De Vos