En direct

En arrivant à la ferme Ota, l'équipe de NHK-tv nous montre, sur l'écran de l'ordinateur, la luciole qu'ils ont filmée la veille, en gros plan impressionnant. Je n'ai pas pu m'empêcher de photographier l'écran. Dans les rizières, une quinzaine de techniciens est déjà à pied d'œuvre pour l'émission qui sera diffusée en direct ce soir.  Certains déroulent un nombre incroyable de câbles autour des parcelles, d'autres règlent le son et l'image ou s'affairent autour de la parabole. Il n'y a qu'au Japon qu'on déploie un tel dispositif juste pour filmer le scintillement des lucioles. Bien évidemment, ils sont obligés d'éteindre leurs gros projecteurs pour voir les lueurs magiques.

Nous, on s'installe un peu en retrait, hors champs. Ota-san est très fier de montrer "ses" lucioles Heike. En effet, il a de quoi être fier, c'est vraiment son œuvre. À lui seul, il a réussi au bout de quinze ans de patience à faire revenir les lucioles.

Fin de repiquage...

Lorsqu'on arrive en fin d'après-midi à la ferme, le fils de Ota-san est en train de laver avec soin la machine à repiquer le riz, en disant qu'il vient de terminer la dernière parcelle.
Le repiquage se fait au mois de mai dans la région, mais à la ferme Ota, il se fait en juin afin de préserver les jeunes épis du pic de l'été où les insectes (Kamemushi)  attaquent les grains de riz. Ota-san explique qu'aujourd'hui, les paysans préfèrent faire le repiquage début mai en utilisant des pesticides pour préserver leurs épis de riz. Mais pour lui, l'important est de ne pas utiliser de pesticides, pour cela il lui suffit de tout décaler d'un mois (comme autrefois !). Sa récolte sera donc plus tardive.

Première luciole

さわぐ子の捕る知恵はなし初ほたる
Sawagu ko no toru chie wa nashi hatsu hotaru

Les enfants bruyants
             Ne l’attraperont jamais
                    La première luciole

            Ryôkan ( 1785 - 1831 )

Utagawa Yoshiiku, 1860

Sur les rizières

Une équipe de NHK-tv suit cette année Ohara-san, photographe connu comme spécialiste des lucioles dans tout le Japon. Pendant qu'il fait jour, ils repèrent les lucioles et en filment une, cachée dans les herbes, ils font la mise au point en espérant qu'elle ne bouge plus jusqu'à ce que la nuit tombe et qu'elle allume sa lanterne... 

Ce soir, le croissant de lune apparaît pour la première fois au-dessus de la montagne où l’on distingue les lueurs des Genji. Sur les rizières, on guette le vol des lucioles Heike. Elles sont tellement petites et scintillent si faiblement que l’on a du mal à les voir à l’œil nu. Sur les sentiers, des enfants excités essaient de courir après elles. 

Hana-bi, feu de paille

Après 1h 30 de route depuis Fukui, on parvient à la ferme Ota du village de Watazu. Très ému de nous retrouver, Ota-san nous dit que c’est le pic aujourd’hui pour les lucioles Heike, cette année est exceptionnelle, il n’en a jamais vu autant. Je règle mes appareils devant le talus envahi d'herbes folles de la parcelle où Ota-san n’a utilisé aucun insecticide. En attendant l'heure de la prise de vue, on déguste des onigiri, boulettes de riz délicieuses, gentiment préparées par Madame Ota. 
La prise de vue commence. Les faibles lueurs des lucioles scintillent dans le noir comme un feu de paille qui n'en finit pas. C’est magique !