La tombe des lucioles

C'est l'histoire de deux orphelins, frère et sœur, Seita et Setsuko qui survivent pendant la guerre et se réfugient dans une grotte pour fuir le feu des bombardements. Ce passage est un moment d'innocence, une courte trêve dans l'enfer de ce monde... 

Incapables de trouver le sommeil, ils sortirent prendre l’air, firent pipi de concert, pendant qu’au-dessus de leurs têtes des clignotements bleus et rouges d’avions japonais sillonnaient le ciel vers l’ouest, « Regarde ! Les unités d’attaque spéciales ! », « Mmh » qu’elle opinait Setsuko, sans savoir ce que ça voulait dire « On dirait des lucioles, hein » « Ouais, ouais… », puis tiens, ils pourraient toujours en attraper des lucioles, pour les mettre sous la moustiquaire, ça ferait toujours plus clair, alors, (…) ils se mirent à en attraper, à l’aveuglette, et quand ils les relâchèrent sous la moustiquaire, cinq ou six trainées lumineuses ondulèrent dans l’espace, d’autres lumières haletaient immobiles dans le filet… C’était assez, c’en faisait bien une centaine, et s’ils ne pouvaient encore distinguer leurs visages, le calme était revenu en eux, ils chaviraient dans les rêves…

Akiyuki Nosaka (1930-2015) La tombe des lucioles (Hotaru no haka), 1967*

Pour écrire le mot luciole, Akiyuki Nosaka n'utilise pas l'idéogramme habituel 蛍 "hotaru" mais choisit les idéogrammes signifiant "gouttes de feu" : 火 ho (feu)  垂る taru (goutte) selon la définition du philosophe de l’époque Edo, Kaibara Ekken (1630 -1714 ).

* Editions Picquier, 1988, traduit par Patrick De Vos

Vols de nuit

Troisième jour à Tetta. Suite à l'expérience de la veille, j'essaie de régler la mise au point tant qu'il fait jour encore. Je vise les arbres avec une ouverture d'objectif plus petite pour gagner un peu plus de profondeur de champs. Ce soir, j'apprécie un peu mieux le spectacle des lucioles que la nuit précédente où j'étais vraiment préoccupé par les réglages de mes appareils dans le noir. Et je reste, bouche bée, devant leurs danses silencieuses...

 
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Lucioles floues

Mes premières images s'avèrent floues. J'ai réussi à capter les lumières mais j'ai raté la mise au point...

 
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Attente...

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Temps idéal, un peu nuageux et humide, c'est de bon augure. En arrivant sur le site dès 18h, je retrouve  Ohara-san qui me présente à Takaaki Itsumi, le responsable de l’association de préservation des lucioles Hime, appelées aussi Kin-botaru (Gold firefly). Plus d’une vingtaine de photographes qui semblent familiers du lieu ont déjà installé leurs trépieds de part et d’autre du chemin. Je ne m’attendais pas à tant de monde. Je les rejoins et choisis la place repérée la veille, un peu en plongée. L'attente commence. Certains finalisent leurs réglages, d’autres lisent sur leurs pliants ou discutent en attendant la tombée du jour...

Esprit de la forêt

Longue journée de voyage de Fukui à Nimii où je loue une voiture. On se perd sur une petite route en lacets et, guidé par un paysan, on arrive à un petit hameau, Tetta. On continue à pied jusqu’au petit temple Tennô-Hachiman au milieu d’une forêt de cèdres. Ce lieu, préservé par une association de bénévoles, est très connu pour les lucioles Hime que je n'ai jamais vues. Le week end est interdit aux photographes et seuls les habitants y viennent en famille avec leurs enfants. Comme les lucioles n'aiment ni les bruits de voix ni tout ce qui brille, les spectateurs attendent dans l'obscurité, toutes lampes de poche éteintes et conversations suspendues... Un peu avant 20 h, derrière les arbres et sur les feuillages des bambous, on voit apparaître les premières lucioles. À la nuit tombée, elles sont des milliers à briller et à s'avancer comme par vagues. C'est magnifique !  Une heure après, les lucioles disparaissant peu à peu dans le noir.  Lampes de poche toujours éteintes, on essaie de retrouver notre chemin en levant le regard vers le ciel, seul  repère entre les sombres cimes des arbres.

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