Ville lumière, ville écrans

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Après ma première tentative ratée, j'apprends que Rei Ohara, photographe, grand spécialiste des lucioles dont je suis le blog, donne une petite conférence à Osaka : Comment photographier les lucioles. Au milieu de la ville aux mille néons et aux écrans publicitaires géants, je me rends dans le magasin multimédia BicCamera où une vingtaine de personnes l'écoutent attentivement. En effet au Japon, de nombreux amateurs essaient de photographier les lucioles. Après la conférence, Ohara m'indique gentiment les dates et les lieux où la saison des lucioles n’a pas encore commencé : à Tetta, les lucioles Hime, à Watazu, les lucioles Heike, à Shigakogen, les lucioles Genji et, en remontant encore plus au Nord, à Oritsumedake, les lucioles Hime. Le parcours pourrait même me mener jusqu’à Kushiro à l’est de l’île de Hokkaido, dans une tourbière où survivent les lucioles Heike. Cela fait plus de 15 ans qu'il parcourt le Japon pour les photographier. Je décide de suivre ses conseils...

Lucioles

 

生まれた家は跡形もないほうたる
Umareta ie wa atokata mo nai hôtaru

 

De ma maison natale
           Il ne reste plus rien
      Que des lucioles

Santôka (1883 – 1940 )

 

Enfance

 

J’ai vécu ma petite enfance à Ono dans la préfecture de Fukui. C’est là que j’ai passé les cinq premières années de ma vie. Au milieu des rizières,  un lotissement était occupé par des familles avec beaucoup d’enfants. Nos jeux se passaient toujours dehors, nos cerfs-volants flottaient sur  les rizières sèches d’automne. En hiver, on y construisait des igloos de neige. On s’amusait à se chatouiller le visage avec les chatons de Nekoyanagi aux couleurs d'argent. Ils brillaient au bord du ruisseau et annonçaient l’arrivée du printemps.

Et au début de l’été, au bord des rizières remplies d’eau, un éventail à la main, on allait à la chasse aux lucioles. À la tombée du jour, sur le sentier au bord du ruisseau, je suivais mes camarades à la poursuite des lucioles. Dans le noir, je découvrais le spectacle des lumières. Une fois attrapées, on les mettait dans un panier qu’on rapportait à la maison. Avant de dormir, on s’amusait à lâcher les lucioles dans la moustiquaire…

 

Kamiyôro

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Encore dans le décalage après 12 heures de vol,  j'arrive à Fukui, mon pays natal. Un ami m'accueille à la gare et me conduit vers Ono jusqu’au village de Kamiyoro. C'est à quelques kilomètres de là que j'ai vécu ma petite enfance. Il m'emmène près d’un cours d’eau, au milieu des rizières où, la semaine précédente, il avait vu les lucioles Genji. J’installe mes appareils pour ma première prise de vue. Il fait de plus en plus sombre et l’attente se prolonge. Entre temps, les villageois lui confirment qu’ici la saison des lucioles touche à sa fin. Pour en avoir le cœur net, je patiente encore jusqu’à 20 heures, mais en vain, aucune luciole n’apparaît.