À perte de vue

 

Quand on était entré dans les hautes herbes bordant la rive, juste à la minute subtile où les dernières traces de jour s’engloutissaient dans une nuit d’encre, on avait vu des essaims de lucioles s’envoler des herbes des deux berges vers le mitan du ruisseau en décrivant, à très faible hauteur, des arcs de cercle pareils aux crosses des graminée géantes. Aussi loin que portât le regard, tout au long de la ligne du ruisseau, à perte de vue, jusqu’à l’infini, ce n’était qu’entrecroisement de vols surgis des deux rives.

Bruine de neige, Junichirô Tanizaki

 
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