Seuls sous la pluie, on pointe les objectifs vers l'endroit repéré la veille et on attend dans le noir... Il pleut moins mais il fait tellement froid qu'il nous semble que la saison est finie. En effet, ce soir pas le moindre vol de luciole... Mais à notre retour à l'hôtel, sur l'écran de l'ordinateur, je découvre deux petites traces lumineuses comme deux grains de poussière dans le noir !
La saison des lucioles de 2015 s'achève ici à Kushiro.
Dans la journée, à Tsurui, on visite la réserve des Tsuru-Tanchô, grues à tête rouge, où l'on protège et soigne les oiseaux blessés depuis 1957. C'est une espèce protégée qui vit dans la tourbière et ne migre pas contrairement aux autres espèces. On en compte plus de 1200 aujourd'hui. Leur crête rouge gonfle quand elles ne sont pas contentes...
On revient à la zone Onnenai pour prendre notre revanche, accueillis par un renard sur le parking qui a l'air de sortir tout droit du roman de Saint Exupéry pour nous dire bon courage...
Le soir venu, on revient sur la tourbière et je choisis de pointer mes objectifs vers la zone la plus sombre. L'attente se prolonge sous la pluie jusqu'à la nuit. À la suite de leur guide, un groupe d'enfants vêtus d'impérméables blancs passe silencieusement derrière nous et se fond dans le noir. Puis j'entends leurs cris d'exclamation au loin et je comprends que les lucioles ont choisi plus loin leur piste de danse... On range tout notre matériel et on rebrousse chemin dans le noir, en glissant sur les pontons mouillés. Et c'est là que tout à coup, on aperçoit, en nombre, les minuscules lumières des lucioles Heike sur la tourbière ! On n'aura fait aucune photo mais sur le chemin du retour, on assiste pour la première fois à l'accouplement de deux lucioles égarées sur le sol du ponton.
Kushiro Shitsugen National Park est la plus vaste tourbière du Japon. Dans la journée, sous une pluie fine, on parcourt les pontons de la zone marécageuse sur une dizaine de kilomètres pour repérer la zone indiquée par le centre d'information d'Onnenai. C'est là, selon leurs dires, que les lucioles Heike devraient être les plus nombreuses.
Hokkaido est la dernière étape de notre voyage. Pour traverser le détroit de Tsugaru, le train passe sous la mer par le tunnel de Seikan. Partout des pub annoncent l'ouverture prochaine de la ligne Hokkaido-Shinkansen. À Sapporo, on prend le "Aosora", un super-express pour aller à Kushiro. Sous un ciel gris, le train longe la mer agitée de la côte sud de l'île. Le train s'approche de Kushiro. Le paysage change quand surgit une vaste tourbière. Vite, je colle mon iPhone sur la vitre du train !
